• « Dans le contexte actuel, aucun outil ne permettrait d’aboutir à l’élaboration d’une solution pour la crise », écrit l’ex-SG d’Attayar dans sa lettre de démission.
• Mejdi Kerbaï et Mohamed Larbi Jelassi, députés d’Attayar au sein du Parlement dissous, quittent eux aussi la barque.
Il est de tradition, dans les régimes démocratiques, qu’à l’issue des élections législatives, régionales, présidentielles et aussi à l’occasion des référendums, les présidents ou les secrétaires généraux des partis qui perdent ces élections démissionnent en signe de reconnaissance de l’échec de la stratégie ou de la politique mise en œuvre lors de l’échéance électorale en question et aussi pour ouvrir la voie à d’autres responsables qui pourraient, en accédant à la direction du parti, lui permettre de gagner les futures élections ou au moins s’imposer comme une force qui a son mot à dire et ses approches à respecter même s’il n’arrive pas à décrocher la majorité absolue ou le plus grand nombre de voix.
En Tunisie, il semble que c’est le contraire qui s’est produit en marge ou plutôt dans le sillage des élections législatives anticipées du samedi 17 décembre 2022, puisque l’on apprend que Ghazi Chaouachi, secrétaire général d’Attayar démocratique, et Mohamed Hamedi, secrétaire adjoint du même parti, ont présenté leur démission qui a été acceptée par le bureau exécutif d’Attayar.
Et aussitôt, la double démission de Ghazi Chaouachi et Mohamed Hamedi, accompagnée de celle de Mejdi Kerbaï, député au parlement dissous au nom d’Attayar, annoncées, les observateurs et les analystes qui suivent l’évolution de la vie politique en Tunisie se sont posé la question suivante : pourquoi les deux premiers responsables d’un parti, en l’occurrence Attayar, censé avoir gagné les élections du 17 décembre ou au moins avoir vu ses appels et ses analyses triompher même s’il a boycotté les législatives et a vu ses militants bouder les bureaux de vote, ont-ils décidé de quitter la barque pratiquement deux jours après «une victoire» à l’avènement de laquelle ils ont grandement participé même si le 25 juillet 2022, ils ont applaudi les mesures exceptionnelles annoncées par le Président Kaïs Saïed dans le cadre de l’activation de l’article 80 de la Constitution de 2014 relatif au danger imminent ? Sauf qu’il est important de rappeler pour la vérité historique que le bureau politique d’Attayar s’est rétracté le 26 juillet 2022 qu’il s’oppose à la manière utilisée par le Président de la République pour interpréter l’article 80 de la Constitution de 2014 et a fait part de son opposition aux mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021 et plus particulièrement au décret présidentiel en date du 22 septembre de la même année donnant les pleins pouvoirs au Chef de l’Etat en vue de concrétiser sa feuille de route en date du 13 décembre 2021.
Attayar perd ses ténors
Hier, mardi 20 décembre, les tensions et les tiraillements qui minaient Attayar depuis quelques mois ont fini par éclater au grand jour et ont consacré la victoire d’une aile sur l’autre, dans la mesure où ce sont ceux qui plaident pour la rupture définitive avec Kaïs Saïed qui ont triomphé sur ceux qui estiment qu’il est encore possible d’organiser un dialogue national qui pourrait faire sortir la Tunisie de la crise multidimensionnelle dans laquelle elle patauge depuis des années. Hier, ce ne sont pas uniquement Ghazi Chaouachi, Mohamed Hamedi (qu’on connaît comme étant les premiers fondateurs d’Attayar) qui ont quitté le parti, parce que, comme le dit Ghazi Chaouachi, «dans le contexte actuel, aucun outil ne permettrait d’aboutir à l’élaboration d’une solution pour la crise». Mais aussi, Mejdi Kerbaï et Mohamed Larbi Jelassi, députés parmi les plus influents et les plus médiatisés d’Attayar, ont fait leurs valises tout simplement parce qu’ils ne peuvent plus apporter de solutions au parti et le voir imposer ses approches et ses propositions sur la scène nationale.
Hier, le post publié par Ghazi Chaouachi annonçant sa démission de son poste de secrétaire général d’Attayar a été fidèle — de par son contenu, essentiellement les solutions qu’il avance pour que la Tunisie sorte de sa crise — aux idées et aux approches qu’il a toujours soutenues, en premier lieu, la mise au point d’une feuille de route nationale avec la participation de tous les partenaires à la transition démocratique en Tunisie avec pour objectif suprême la réussite de l’opération salut national.